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mercredi 30 octobre 2013

BELFORT : DERNIER MAT POUR JEAN-PAUL

Il était rare qu’Anatoli Karpov passe dans la région, sans faire un crochet par Belfort, dont le stade échiquéen porte le nom.   2005 : à l’initiative de Jean-Paul Touzé, Belfort avait accueilli le championnat du monde des jeunes, avec des participants venus de 82 pays.   2005 : à l’initiative de Jean-Paul Touzé, Belfort avait accueilli le championnat du monde des jeunes, avec des participants venus de 82 pays. 
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Mercredi, il était encore plein d’énergie, à téléphoner à notre rédaction avec sa voix tonitruante, familière, pour qu’on se voie et qu’on « fasse quelque chose » pour préparer les championnats de France d’échecs des jeunes organisés par Belfort-Echces en avril prochain. Hier matin, un autre coup de téléphone au journal. Jean-Paul est mort.
Dans ces cas-là, les souvenirs reviennent. Les « coups » de Jean-Paul Touzé ont balisé la vie locale depuis plus de trente ans. Comme en 1987, lorsque, apprenant que Bilbao allait renoncer à organiser la coupe du monde d’échecs, il réussit à s’entretenir avec Kasparov et lui demande s’il accepterait de venir jouer en France. Ce sera, avec le soutien de Jean-Pierre-Chevènement, Belfort. Le théâtre Granit exactement, le 1er juillet 1988, avec cette scène extraordinaire qu’aucun amateur d’échecs n’oubliera jamais de Karpov et Kasparov face à face. Garry Kasparov nerveux, en retard, un peu dédaigneux pour son adversaire. Anatoli Karpov en introspection. Les deux hommes se détestent. Si Kasparov gagne cette partie, il deviendra le plus grand joueur de tous les temps en égalisant le record de Bobby Fischer. Le public du Granit est totalement silencieux. Il a appris le matin même que le niveau du tournoi de Belfort est, par le classement de ses participants, la compétition la plus élevée jamais organisée dans toute l’histoire des échecs. Kasparov, qui a les blancs, ouvre avec une défense Grünfeld. Tout se passe bien pour lui jusqu’au dix-septième coup. Sans crier gare, Karpov sacrifie sa dame. Kasparov ressemble à une biche dans les phares d’une voiture. Son regard est un mélange d’incompréhension et d’inquiétude. Pendant 28 minutes, il cherche à comprendre, déboussolé, dans un silence religieux. Il ne s’en remettra pas. Vingt-et-un coups plus tard, Kasparov abandonne, faisant exploser la salle du Granit. Le champion du monde, dont les jambes ne le soutiennent plus vraiment, quitte le théâtre par une porte dérobée, les yeux baignés de larmes, tandis qu’Anatoli Karpov est contraint de se réfugier derrière Jean-Paul Touzé pour échapper à la masse des spectateurs qui viennent le féliciter dans un vacarme indescriptible.
Le sacrifice de dame de Karpov figure désormais dans les manuels d’échecs du monde entier sous l’intitulé « le coup de Belfort ».
Voilà ce qu’était Jean-Paul Touzé. Quelqu’un qui rendait ce genre de moments possibles.

Une vie consacrée aux échecs

Dis-moi comment tu joues aux échecs, je te dirai qui tu es. Jean-Paul Touzé y croyait certainement. Il fallut pousser du bois avec lui avant de pouvoir aller plus loin dans les interviews. « Ne jamais oublier : le contrôle des quatre cases centrales. C’est le secret », rigolait-il en déployant ses attaques. Oui, sans doute, à y réfléchir maintenant, Jean-Paul Touzé jouait comme il était : un fonceur, qui avait bien du mal à ne pas s’engouffrer dans la brèche, toujours à la limite de la rupture de ses lignes, lorsqu’il pensait déceler une fragilité dans la défense de l’adversaire. Militaire, il aurait été Murat. Cela lui valut quelques déconvenues en tournoi et dans la vie aussi. Mais quel bonheur lorsque cela réussissait !
Il pensait échecs, vivait échecs, a consacré pratiquement tous les jours de sa vie d’adulte au développement et à la promotion de son sport qu’il considérait comme plus que cela, c’est-à-dire comme une véritable philosophie. Toujours sans langue de bois. Il ne s’est pas fait que des amis dans l’histoire, mais au soir de cette vie qui vient de s’achever subitement, le bilan est là. Des générations de Belfortains jouent aux échecs et la ville est devenue une référence incontestée en la matière. Après plusieurs attaques, la maladie a joué son coup final samedi, avec la fulgurance d’un fou sur sa diagonale. Mat. Le dernier pour Jean-Paul qui a, toutefois, joué sa partie comme il l’entendait.
Lire aussi l’article nécrologique en Région.
Philippe PIOT

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