«En 1972, le match du siècle entre le Russe
Boris Spassky et l'Américain
Bobby Fischer fit la une des journaux du monde entier. Il faut se souvenir que nous étions en pleine affaire du
Watergate et à la fin de la guerre du Vietnam», c'est ainsi qu'Edward Zwick se remémore le match d'échecs le plus célèbre de l'histoire.
La personnalité des deux champions -et particulièrement celle de Bobby Fischer- a incité le réalisateur à écrire PawnSacrifice -
que l'on pourrait traduire par un homme sacrifié - un film biographique
sur celui qui est considéré par les spécialistes comme l'un des plus
grands génie des échecs.
Pour interpréter le joueur américain, on retrouve
Tobey Maguire,
qui décidément après Spider-Man aime explorer les personnages hors
normes. Dans une récente interview, il a avoué «avoir été attiré par la
folie et le génie qui cohabitent chez Fischer».
Le film met en scène le génie paranoïaque de Fischer
Au-delà
de son talent unique pour le roi des jeux, ce sont les méandres du
psychisme de Robert James Fischer qui demeure une énigme. Durant
longtemps seule son incomparable trajectoire dans les échecs a intéressé
les spécialistes et le grand public.
Autodidacte, Bobby Fischer
devient champion des États-Unis à 14 ans. Un an plus tard La fédération
internationale lui décerne le titre de grand-maître. Le plus jeune de
l'histoire. En 1962, après avoir échoué au tournoi des candidats, il se
retire de la compétition en accusant les Russes de comploter contre lui.
Il revient en 1965. Il lui faudra sept ans pour atteindre le Graal. En
1972, il bat le le grand champion russe Boris Spassky. Et pourtant, au
sommet de sa gloire, il décide ne plus toucher une pièce d'échecs.
Si sur les soixante-quatre cases de l'échiquier la stratégie du «Wonder
Kid» de Brooklyn est admirable, son comportement social est
incompréhensible. En 1973, il refuse de tourner une publicité et de
prendre le chèque d'un million de dollars qui l'accompagne, parce qu'il
«n'est pas un utilisateur de la marque». Le 11 septembre 2001, il sort
de son mutisme pour déclarer sur une radio philippine que «l'attentat du
World Trade Center est une très bonne nouvelle».
Ces propos
ouvertement antisémites choquent le monde. Même certains de ses
admirateurs finissent par se détourner de lui. Le talent n'excuse pas
tout.
En 2010 sort un livre aux États-Unis Psycho-biographie de Bobby Fischer.
Il tente de démêler les méandres de son psychisme. On sait depuis 2005
que Bobby n'était pas le fils de Gerhard Fischer. Son père, Paul
Nemenyi, un atomiste hongrois de confession juive, meurt alors qu'il n'a
que neuf ans. Sa mère Regina Wender de son côté fut aussi aimante
qu'absente. D'origine juive allemande Elle milita toute sa vie pour des
associations pacifistes déléguant à sa fille aînée l'éducation de son
petit frère. La conclusion de la thèse du livre se lit entre les lignes:
L'antisémitisme de Fischer ne serait que la résultante d'un traumatisme
né dans son enfance.
L'exploration du thème de la folie et des échecs n'est pas une nouveauté.
Stefan Zweig l'a génialement traitée dans
Le joueur d'échecs (
La Schachnovelle). Au cinéma Richard Dembo (
La Diagonale du fou) et
Wolgang Petersen (
L'Échiquier de la passion) tenteront la même approche. Maintenant, avec
Pawn Sacrifice, le réalisateur de
Blood Diamond défend une thèse inédite: Fischer a sacrifié sa vie pour son unique passion pour les échecs.
Fischer en 1960 à Leipzig
Arte diffuse, ce soir à 22h30, le dernier film en date consacré au champion américain : Bobby Fischer against the world retitré en français, 64 cases pour un génie.
Lorsqu'en 1972 le grand maître américain Robert James Fischer ravit la couronne mondiale au champion russe Boris Spassky,
le jeu d'échecs, pour la première fois de son histoire, fait la Une des
journaux du monde entier. Pour le grand public, influencé par les «mass
media» (médias de masse), Fischer, représentant de la culture
occidentale, a terrassé un symbole fort du bolchevisme.
Manichéenne, cette théorie simpliste est intelligemment revisitée par la réalisatrice du film, Liz Garbus, qui a orienté la trame de son œuvre sur la personnalité singulière de Fischer.
A Very Different Bobby Fischer
En réalité, le triomphe de Fischer ne démontre pas la supériorité de
notre système politico-culturel. Il reflète surtout la géniale monomanie
d'un homme qui sacrifie sa vie pour comprendre les mystères des lois
qui régissent le noble jeu.
Ce film revient sur la passion dévorante
de Bobby Fischer qui se transforma après 1972, après sa conquête du
Graal échiquéen, en paranoïa...
En 1971, face à l'excellent
Dick Cavett,
Bobby Fischer accepta exceptionnellement de se prêter au jeu de
l'interview. Les téléspectateurs découvrirent un Fischer aussi
charismatique que sympathique...
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