Publication de Jean-Louis Eeckhout source Europe Echecs Cette étude réalisée et publiée est un tournant pour les élections à la Présidence de la Fédération Française des Echecs dans l'avenir. Il y a eu une réelle retenue à l'encontre des électeurs car ce sondage n'a pas été publié durant cette campagne électorale à la demande expresse des candidats pour ne pas influencer les Présidents de Clubs, nous l' avons appris , le 1er sondage était favorable à Léo Battesti en revanche le second l'était pour Diégo Salazar.
Est ce que les candidats seront moins frileux dans l'avenir en permettant que des sondages informes à la fois les candidats et les électeurs tout au long d'une campagne ? Nous savons que les sondages jouent un rôle auprès des électeurs, si l'équilibre entre les candidats est rompus alors certains électeurs seront tentés à venir plus nombreux soutenir un candidat en détresse de voix.
Il y a des risques bien sur ! Il faut que le sondage en question soit fiable , ils le sont en général , il faut aussi que les électeurs jouent le jeu de la communication pour que ce sondage soit représentatif d'un maximum d' électeurs .
Quand les "petits clubs" ont rallié la liste de Diégo Salazar , je ne vois pas ce qui aurait pu changer sur le fond , le choix était indiscutable en revanche, sur la forme cela aurait pu inciter ceux qui étaient indécis à voter. 17 voix d'écart c'est vraiment peu !!!
Léo Battesti s'est vu élu à la Présidence de la FFE quand certains clubs intra-muros de la Ligue d 'Ile de France lui ont apporté leur soutien, il n'avait pas vu venir la ligue des "petits clubs " qui a eux seuls ont fait basculer les votes en faveur de Diédo Salazar mais ces "petits clubs " ont mis en avant leur limite car 17 voix de plus ce n'est pas un réel obstacle à franchir .
Est ce qu'il était trop tard pour réagir en acceptant que soit publié ce sondage qui donnait gagnant Diégo Salazar avec un pourcentage très faible de voix ? Je pense que non ! Certains électeurs auraient pu se décider à venir soutenir Léo Battesti pour qu'il comble son retard.
Il faut tirer une leçon de cette campagne et adopter une autre stratégie en permettant que les électeurs soient informés en temps réel par des sondages ! Il y a eu , c' est de bonne guerre, des hommes et des femmes qui dévoués pour Diégo Salazar sont allés chercher les votes dans les "petits clubs" cela a très bien fonctionné car certains Présidents de Clubs étaient indécis. Quand c'est un ami ou quelqu'un que vous connaissez depuis de longue date qui occupe un poste à responsabilité qui vient vous voir pour vous dire de soutenir Diégo Salazar , le résultat ne se fait pas attendre ; certains ont emboîté le pas sans conviction profonde mais ils l'ont fait !.
ceci dit , revenons à ce qui nous intéresse
Europe Echecs a voulu en savoir plus auprès de M. Larbi Houari,
co-fondateur de la société Callson, qui a accepté de répondre à nos
questions.C'est en effet la première fois qu'un sondage au niveau national était
réalisé pour une élection à la présidence de la Fédération Française des
Echecs.
M. Larbi Houari,
co-fondateur de la société Callson,
Europe Echecs (EE)Pour commencer, pouvez-vous nous donner votre avis sur les résultats finaux de dimanche
Larbi Houari (LH)
Tout d’abord, il y a lieu de noter que la démocratie a véritablement
existé, ne serait-ce qu’à travers un résultat inattendu pour la plupart.
Certes, il a pu y avoir des retouches, y compris de dernière minute
mais manifestement le système électoral a très bien fonctionné.Sur le
résultat, je n’ai pas du tout été surpris. La veille du scrutin, je
recevais un appel de M. Kouatly m’indiquant le
déséquilibre des forces présentes à l’AG, grosso modo 5/8 contre 3/8.
J’ai simplement répondu que les votes Salazar étaient dans les
enveloppes avec potentiellement 2/3 contre 1/3 !
EE /Qu’est ce qui vous a fait penser cela ?
LH/
La nature de la campagne de chaque candidat.
Depuis la publication du 1er sondage, j’ai été informé des stratégies
adoptées par chaque camp. Celui de M. Battesti défendait l’idée d’une
victoire acquise ; celui de Salazar, d’une victoire à construire. Cela
change tout.
Le camp Battesti a misé sur les procurations et des probabilités sur le
reste des voix. C’était un pari dangereux car la participation pouvait
tout faire basculer. Quant à l’équipe Salazar, elle s’est basée sur le vote par
correspondance, ayant clairement une stratégie de mobilisation des «
petits » clubs. Le sondage du 28 Février donnait tout de même des
indications claires…
EE/ Beaucoup se sont demandés quelles étaient vos motivations pour réaliser un tel sondage, que souhaitez-vous leur répondre ?
LH/J’ai en effet été surpris par les réactions. La question principale
étant « qui a payé, pour qui est-ce réalisé… » Pourtant la réponse
coulait de source. Aucun des deux camps n’aurait eu intérêt à publier un
outil aussi puissant, encore moins avec ce contenu. De fait, pourquoi
le ferait-il ? Pour donner des indications à l’adversaire ? Il faut
rappeler tout de même qu’il y avait du bon et du mauvais pour les deux
camps ! Personne n’a payé, c’est Callson qui a offert
cela aux échecs français.
EE/ Suite à la publication de ce sondage, avez-vous été contacté par des acteurs de cette campagne électorale ?
LH/ Oui, des deux camps.
EE/ Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
LH/ Maintenant que c’est fini oui.
Il faut savoir que les deux équipes se pensaient gagnantes à 60/40 avant le sondage !
M. Battesti pour sa part l’a plutôt mal reçu, vous avez pu le lire.
D’abord, il y a eu ce communiqué FFE qui a effrayé les clubs (Attention,
un sondage est en cours etc.). Ensuite, la remise en question des
estimations (48/52 pour rappel) et le fameux pari avec M. Kouatly sur
votre forum. De l’autre, ça a été aussi la douche froide (coté équipe Salazar). Je
dirais même une double douche froide : l’image de la FFE et les
estimations.
EE/ Vous avez bien entendu étudié les différentes stratégies des candidats, qu'en avez-vous pensé ?
LH /Je peux sans risque vous dire maintenant que M. Battesti s’est trompé
de campagne. J’irais même jusqu’à reprendre la conclusion de G. Kasparov
« he had a winning position and he messed it » (« Il avait une position gagnante et il l'a gâchée. »). Chacun
a pu constater combien la certitude de la victoire était grande. Du
coup, plus d’un mois avant l’élection, la machine s’est ralentie sur le
terrain, les approximations grandissaient bref, même les estimations qui
lui étaient communiquées étaient invérifiées.
Le service minimum consistait en une plateforme média où se
bousculaient soutien sur soutien, personnalité après personnalité. La
bataille, elle, était clairement ailleurs.
Coté Salazar, après des débuts chaotiques, une notoriété quasi nulle et
des moyens autrement plus modestes, une formidable machine allait se
mettre en place. C’est une des choses qui m’a le plus surpris : la
capacité exceptionnelle de cette équipe à s’adapter à la situation. En
viet-minhs, ils ont tout simplement travaillé, labouré, été chercher
chaque club sans relâche, en débattant vraiment.
EE/ Des clubs ont révélé qu'un second sondage avait été réalisé, mais apparemment vous ne l'avez pas publié. Pourquoi ?
LH/ Pour deux raisons. D’abord, certains clubs nous ont exprimé
leur gène qu’un sondage soit publié une semaine avant l’élection.
Ensuite, M. Battesti m’a clairement fait comprendre que ses troupes
ayant été déjà très impactées par le premier, le seraient encore plus si
les résultats allaient dans le même sens. J’ai donc renoncé à le
publier, en concertation avec M. Kouatly.
EE/ Quelles questions avez-vous posé dans ce second sondage ?
LH/ je souhaitais voir précisément l’évolution des intentions de vote en
particulier des clubs interrogés 4 semaines auparavant. Enfin, établir
une dernière estimation du vote et du taux de participation.
EE/ Et quels en sont les résultats ?
85% d’intention de participation à nuancer avec le week-end pascal, ce
qui est potentiellement énorme. Pour ce qui est des estimations de vote
j’avais deux types de questions et donc de résultats. L’une, indirecte,
posait le choix entre « changement » et « continuité ». L’autre, était
nominative (pour qui allez-vous voter). C’était la seule façon d’obtenir
un maximum de réponses…Après quelques temps de croisements,
l’estimation est tombée : 52/48 pour… Salazar.
Reste que j’avais aussi eu connaissance de certaines pratiques
douteuses qui allaient jouer contre le challenger : des « fuites »
d’information, en particulier sur la région parisienne, enjeu final de
l’élection. Du coup… tout restait possible.
EE/ Qu'avez-vous pensé des réactions des candidats suite aux élections ?
LH/ Très dignes. Je dirais même qu’en voyant sur votre site la
vidéo
postélectorale, j’ai eu le fin mot de l’attitude du candidat Battesti.
En fait, ce que je prenais pour de l’orgueil et de l’aveuglement était
tout autre chose. M. Battesti a pris le risque de poser sa candidature
avec une condition
implicite : qu’elle suscite une adhésion massive. C’est tout à fait
respectable et à son honneur. Après son implication incontestable dans
les échecs corses et français, il était logique qu’il attende cela.
Du coup, le sondage, la neutralité de certains voire même la nécessité
de devoir convaincre encore, y compris les petits clubs revenaient à
reconsidérer la condition de sa candidature.
Soit il était le président « naturel », donc avec une forte adhésion,
soit il ne valait pas la peine de s’engager. C’est je crois tout le sens
de sa remarque « je préfère perdre de 17 voix que de gagner avec la
même marge ». Il n’y a là aucun manque de respect pour les français ou
les clubs, juste le rappel du sens de son engagement dans la campagne.
EE/ Pensez-vous qu'un sentiment anti-corse ou lié au passé de M. Léo Battesti a pu jouer un rôle important ?
LH/ Pas du tout, en tout cas pas dans les termes abusifs que l’on entend.
Je ne savais pas, par ailleurs, qu’il existait une « race » corse !
Non, il faut à tout prix arrêter avec cela. Le passé militant de M.
Battesti n’a même pas joué, dans la mesure où je pourrais vous citer
plus d’un sympathisant Salazar qui admire le « résistant Battesti ». Ce
qui a pu jouer en revanche, c’est l’exception corse, à savoir les
avantages dont dispose l’ile et qui rendent le modèle échiquéen corse
non-transposable. Oui, en cela, il a pu y avoir de la frustration.
Une conclusion ?
Je suis ravi que le sondage ne se soit pas trompé sur les enjeux de
l’élection, mais ce n’est pas le plus important. Je regrette juste que
les candidats n’aient globalement pas été écoutés davantage. En France,
il y a un certain désaveu de la politique. Du coup, tous les discours
sont a priori perçus de façon polémique, voire moqueuse. C’est dommage.
Vous aviez, à travers les candidats, deux visions profondes qui
s’opposaient : celle d’un exécutif fort contre un « législatif » fort.
Les débats n’ont pas été à la hauteur des programmes. De ce point de
vue, on leur doit au moins le respect parce qu’ils se sont eux,
réellement exposés.
De Jean Louis Eeckhout
Je vous suggère d'ouvrir le lien ci dessous , vous aurez ainsi accès à toutes les études réalisées durant et après la campagne électorale qui a permis à Diégo Salazar de devenir le nouveau Président de la FFE en devançant Léo Battesti de 17 voix.
http://www.europe-echecs.com/art/callson-sas-les-clubs-ont-la-parole-4785.html
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