De Jean Louis Eeckhout (JLE)
Comme l'assassin, qui revient sur les lieux de son crime, je reviens sur
les propos que tiennent les kibbitzers ( observateurs de parties ),
et ceux qui pensent qu'il est facile de jouer en différé sur un
site (peu importe lequel) car certains utilisent des logiciels
informatiques permettant de jouer des parties d'échecs. Ces supports
existent bien , je peux les nommer ; Fritz, Rybka, Houdini pour les
plus connus et utilisés de nos jours.
Dans
la rubrique " Le monde en pièces " par Yves Marek j'ai pu lire un
article publié dans la revue Europe Echecs qui m'a intéressé car
il traite un sujet d'actualité , celui des évaluations instantanées
que l'on trouve sur les sites internet. Cela est aujourd'hui
possible car les coups joués sont aussitôt analysés par des
programmes et en particulier Houdini pro mais ce n'est pas tout ,
Houdini propose aux spectateurs des variantes qui à première vue
semble irréfutables ; alors gare au GMI qui s'écarterait de la ligne
proposée.
CELA ME FAIT SOURIRE.
Pour
avoir joué durant 27 années en différé c'est à dire par
correspondance , j' ai appris que tout réside dans la profondeur
d'analyse de la position et des variantes qui découlent d'un coup
supposé être un bon coup, le bon coup, le meilleur coup, le coup
candidat.
J'ai connu l'ère sans et avec les ordinateurs et leurs
programmes. J'ai pu au fil des années en tirer des conclusions
lesquelles rejoignent celles de Yves Marek à qui je laisse la parole
d'autant qu'il apporte de l'eau à mon moulin.
Yves Malek
""
Les joueurs d'échecs savent que les observateurs des parties, les
célèbres Kibbitzers attroupés autour d'un échiquier , disent
beaucoup de bêtises et sont souvent persuadés qu'un coup gagnait alors
que le joueur en action avait vu la réfutation de ce coup [......]Les commentateurs dans leur cabine commettent bien des erreurs [.........], On peut regretter l'arrogance de certains sur les forums qui déplorent un coup bien humain et inférieur selon l'ordinateur et qu'ils auraient joué également.
Commentaires de JLE
On peut d'autant plus la déplorer ( l'arrogance) , qu'il reste des situations où l'ordinateur ne voit pas assez loin ( je dirais en profondeur)
, ne comprend pas qu'une ligne est nulle ou gagnante à très long
terme et que le panurgisme des spectateurs est d'autant plus
ridicule qu'ils s' attachent à ce qui semble la vérité des chiffres
comme certains politiques aux sondages, certains économistes aux
chiffres, certains ministres des finances aux prévisions alors que
la réalité du monde obéit à une alchimie plus complexe perceptible aux
seuls acteurs ( c'est à dire aux joueurs eux-mêmes).
[.............] Celui
qui a suivi une partie en live sur un site et pris connaissance des
évaluations a parfois la curiosité de suivre la conférence de
presse post mortem et d'entendre Carlsen , Anand ou Kramnik
dérouler à toute vitesse des suites incroyables que même l'ordinateur
n'a pas envisagées.
Yves Malek
C'est
que la volonté de vaincre, de trouver des solutions, de renverser
les obstacles ,la recherche acharnée des moyens de faire passer
ce que l'on croit bon pour lui, induit une intensité de la pensée, une acuité que n'atteint pas le spectateur ( Kibbitzers) qui par la simple conscience qu'il a de n'être pas acteur doit donc désactiver certaines cases de son cerveau.
Seuls ceux qui agissent (c'est à dire les acteurs) , se
jettent dans la bataille, envisagent des réfutations et les coups
forcés ou imprévus plutôt que la séduction des plans naturels ,
pensent juste ! Aux échecs, comme dans la vie, c'est peut être le général au milieu de la mêlée qui , paradoxalement , a la vue la plus juste du champ de bataille. ""
Commentaires de JLE
Pour
l'avoir vécu, je peux confirmer ; que cela se passe ainsi dans la
vie de tous les jours, il y a ceux qui agissent et mouillent la
chemise comme on dit et ceux qui se contentent de regarder, de
juger, de critiquer , de se plaindre, de se croire meilleur que
l'acteur mais qui ne font rien pour apporter la preuve de leur
réelle compétence. Ces gens là, ne sont pas digne d'intérêt , il vaut
mieux s'en écarter.
Pour apporter des arguments de manière à éclairer le lecteur de cet article intéressant, j'
ai transposé le jeu à la pendule, au jeu en différé. L'objectif de ma démarche est d'éclairer le joueur qui entame
des parties dans un Tournoi en différé. Je confirme que l'ordinateur
ne saisit pas toutes les subtilités d'une position sur du long terme. Il y
a donc un réel danger à suivre les voies tracées par l'ordinateur
sur du cours terme. Il est un fait indiscutable, c'est que l' 'homme
surpasse la machine dans les analyses profondes, ainsi quand je
pousse mes analyses plus loin que ne le fait l'ordinateur, je constate que ce qui était au premier abord mauvais pour moi ( dixit l'ordinateur ), devient bon après quelques coups "humain" pensés et réfléchis dans le but de vaincre.
Cela induit une intensité créative de la pensée.
C'est
cette pensée créative qui permet de sortir des sentiers battus et
oblige l'adversaire à réfléchir avant de confier son sort à
l'ordinateur. Gare à celui qui s'égare dans la multitude de variantes que proposent l'ordinateur.
Les tester toutes, demanderaient énormément de travail d'analyses!
Il
vaut mieux jouer ses propres coups et seulement ensuite analyser
avec l'ordinateur et surtout ne rien lâcher , c'est à dire qu'il est
important d'imposer sa vision du jeu contre vents et marées sous
prétexte de la justesse d'analyses et de la compréhension de la
position. Il faut croire en soi. Cela demande de l'expérience et
des compétences dans les trois phases de la partie. Pour ce qui me
concerne, je privilégie le milieu de jeu où j'excelle pour
déstabiliser mon adversaire ce qui me permet de prendre un avantage
pour entamer la finale. Je joue mes ouvertures sans trop rechercher
des améliorations pensant que je vais surprendre mon adversaire.
Je joue ce que je pense être le bon coup dans la position. Je n'ai rien inventé, je suis les conseils de Bobby Fischer qui conseillait de jouer un bon coup dans la position , celui qui met le joueur en confiance (position de confort).
C'est
un peu ce qui se passe quand on utilise un GPS, si on connait
tant soit peu le chemin on peut imposer la route au GPS et alors
celui-ci modifiera le tracés au fur et à mesure de l'avancement du
parcours pour finalement atteindre son but.
On
peut aussi lui demander ( au GPS) de nous guider mais gare aux
modifications de parcours que le GPS ignore. Pour l'anecdote, avec
un GPS, je me suis retrouvé au bord d'un canal sans pont pour le
franchir ou encore à Paris à remonter un boulevard en sens
interdit car mon GPS n'était pas à jour après que la ville
ait modifiée le sens de circulation. J 'étais responsable de cet état
de fait car je n'avais pas effectué de mise à jour ; c'est donc
l'homme qui doit prendre des décisions et non la machine qui a pour
fonction d'intégrer des données et de les restituer.
Le
jeu en différé permet de ne plus tomber dans des pièges grossiers ,
ce qui permet de renforcer son propre jeu. A la pendule , un manque
d'attention est fatal, ce qui fait la part belle à votre adversaire.
Dans le jeu différé en ligne, beaucoup de bons joueurs se voient
contraint de rehausser leur
jeu par des analyses plus profondes et complexes à la fois ; c'est
le prix à payer pour surprendre l'adversaire et espérer gagner une
partie.
C
'est démoralisant pour ceux qui ont l'habitude de gagner au temps
ou sur une bourde de l'adversaire. Certains disent oui mais mon
adversaire utilise l'ordinateur ( mais lui non , il s'en défend en
public mais en abuse en privé) . Si comme on le dit , chacun
utilise l'ordinateur alors nous devrions voir dans le TOP 100 une
majorité de joueurs classés à plus de 2700 or ce n'est pas le cas
. La raison est simple , c'est que l'ordinateur ne se suffit pas à
lui même , l'homme doit intervenir par la pensée créative .
Je
garde en mémoire le conseil de Pierre Tabart Président du club de
Dunkerque et Président de la Ligue NPC alors que je n'envisageais pas encore jouer à la pendule et en compétition car je m'estimais pas suffisamment préparé. Il me dit ceci " vous devriez jouer par
correspondance , c'est une excellente école ", il avait raison .C'est à
l'AJEC que j'ai pu progresser car je ne disposais pas
suffisamment de temps pour aller jouer régulièrement au club de
Dunkerque. En revanche, à l'AJEC , j'ai pu disputer 80 parties par an et surtout étudier les trois phases de la partie. A cette époque, on ne parlait pas d'informatique et de logiciels d'échecs, Il y avait l'informateur et les encyclopédies qui permettaient de débroussailler la forêt. Viendra plus tard , les jeux d'échecs électroniques qui avaient un niveau faible pour ce qui me concerne mais qui pouvait donner la réplique qui faisait gagner du temps dans les analyses. Cela évitait de penser pour les noirs ou les blancs , il suffisait de remettre cet outil dans le droit chemin quand il s'égarait, c'est à dire qu'il proposait un coup trop faible.
J'ai disputé de nombreux tournois internationaux ICCF (par correspondance) mon classement était de 2280 ICCF , j'ai joué également à la pendule et disputé de nombreux tournois internationaux. Mon Elo dans les années 1980 était de 1880N , mon meilleur classement 1940N.
Je suis resté un amateur !
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